Séminaires de Lecture Rapide - Daniel Gagnon

Daniel Gagnon M.A. orthopédagogueDaniel Gagnon M.A. orthopédagogue

Aller plus loin en lisant plus vite!

Lisez et comprenez plus vite, soyez plus concentré et plus efficace, gagnez du temps !

Éliminer totalement la sous-vocalisation ?

(Suite des deux chroniques précédentes sur la sous-vocalisation)

Peut-on éliminer complètement toute forme de sous-vocalisation en lecture rapide ?

La réponse est simple : NON !

Pourquoi ?

C’est une question d’intégration cognitive. Notre cerveau ne peut pas intégrer les informations à la vitesse de perception de notre œil, qui est phénoménale.

Quand nous voyons un mot connu, nous le reconnaissons globalement. Pour cela, nous utilisons notre mémoire lexicale qui reconnaît la forme du mot, sans qu’il soit nécessaire de décoder le mot, c’est-à-dire de le lire syllabe par syllabe. Ce qui permet de reconnaître les mots rapidement. Et comme la vitesse de perception de notre œil est considérable, un mot exposé aussi rapidement qu’un cinq centième (1/500e) de seconde peut être reconnu. Si vous lisiez à cette vitesse, vous liriez 100 pages à la minute, cela vous prendrait 20 minutes pour lire Guerre et Paix, soit la même vitesse que Woody Allen*.

Avec un peu d’entraînement, les meilleurs peuvent reconnaître un mot présenté à cette vitesse grâce à leur mémoire de la forme du mot, la mémoire lexicale. Le mot reconnu est nommé permettant ainsi à la mémoire sémantique d'en reconnaître le sens. Mais si le mot est aussitôt suivi d’un autre mot à la même vitesse, les mémoires lexicales et sémantiques n’auront pas le temps de s’activer.

C’est pourquoi la limite de vitesse en lecture rapide est reliée à notre vitesse de reconnaissance des mots sémantiquement et non visuellement.

Au-delà d’une certaine vitesse, les liens sémantiques, c’est-à-dire la compréhension, ne se font pas. Les gens qui prétendent lire à des vitesses supérieures à 1000 m/m le font** au détriment de la rétention et de la compréhension, les études sérieuses le démontrent. Et leurs explications, voulant que l’inconscient ait la capacité de retenir l’information et de la redonner intuitivement, ou voulant que le cerveau ait la capacité de reconstruire en idée, en image et en émotions les phrases d’un texte, sont de la pseudoscience.

Prochaine chronique : Ceux qui disent que lire c’est comme regarder un arbre, on ne le regarde pas feuille par feuille, on regarde l’ensemble de l’arbre, et que nous devrions donc lire en regardant la page et non les mots et qu’avec le temps notre cerveau verra le contenu se déroulant en images, comme un film…

*« J’ai pris un cours de lecture rapide et j’ai pu lire “Guerre et Paix” en vingt minutes. Ça parle de la Russie. »
Woody Allen
** Pour la grande majorité, il y a des exceptions, dont la petite Alice, toutefois celle-ci m'a dit qu'elle sous-vocalisait.