Séminaires de Lecture Rapide - Daniel Gagnon

Daniel Gagnon M.A. orthopédagogueDaniel Gagnon M.A. orthopédagogue

Aller plus loin en lisant plus vite!

Lisez et comprenez plus vite, soyez plus concentré et plus efficace, gagnez du temps !

Comment mémoriser ses lectures à long terme !

Que ce soit pour ses études ou pour le travail lorsqu'on lit un livre ou un document important, on veut être en mesure de se servir de l'information non seulement pour l'examen ou la réunion du lendemain, mais aussi des mois ou des années plus tard.

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La meilleure manière de mémoriser à long terme de ce qu'on a lu, c’est de mettre en pratique ce simple aphorisme : Une idée n’est pas complète tant qu’elle n’est pas exprimée.

Je peux vous parler de livres que j’ai lus il y a 5 ans, 10 ans, plus de 20 ans même. Alors que j’aurais de la difficulté à vous parler des livres que j’ai lus le mois dernier.

Je pourrais vous improviser sur-le-champ une conférence d’une heure sur le déclin de la violence, basé sur le livre de Steven Pinker, «The better angels of our nature : Why violence has declined», alors que cela fait plus de 5 ans que j’ai lu ce pavé de 700 pages.

Je pourrais vous raconter en détail les cas phénoménaux rapportés par le Dr Oliver Sack dans son livre «L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau», que j’ai lu il y a plus de 20 ans

Alors que pour les livres que j’ai lus ces derniers mois, je ne pourrais que vous indiquer la thèse générale de l’auteur ou une idée qui a retenu mon attention.

Qu’est-ce qui explique ce «déclin» de ma mémoire ?

En fait, ma mémoire n’a pas décliné. Elle est même meilleure qu’elle était. C’est tout simplement que dans le premier cas, ce sont des livres que j’ai adorés et qui m’ont interpellé au point que j’ai senti le besoin d’en parler à tout le monde autour de moi. En ce faisant, j’ai ancré leur contenu dans ma mémoire à long terme.

Dans le second cas, ce sont des livres dont, une fois lu, j’ai rabattu la quatrième de couverture et je suis passé à autre chose. En n’utilisant pas ce savoir, il s’est estompé.

Notre mémoire à long terme est notamment composée de nos souvenirs biographiques.

Savez-vous pourquoi on finit par croire les mensonges qu’on raconte ?

Parce qu'à force de raconter une anecdote inventée, elle finit par s’intégrer à nos souvenirs. Au fil du temps, on oublie le contexte qui nous a amenés à inventer cette histoire et à force d'être répétée, elle devient un souvenir auquel on croit vraiment.

Il y a aussi de nombreux cas de personnes qui sont convaincues d'avoir vécu un évènement alors qu'en réalité c'est arrivé à quelqu'un d'autre, un ami ou un membre de leur famille. Parfois, c'est même une scène de film qu'on est convaincu d'avoir vécue: Ronald Reagan est au centre de quelques anecdotes du genre.

Cela s'explique par la toute-puissance des histoires, surtout celles qu’on raconte.

Saviez-vous que les psychologues qui traitent les troubles reliés à un traumatisme vécu, appelé stress post-traumatique, ne demandent plus à leurs patients de raconter leur histoire en détail ?

Ils se sont aperçus qu'au contraire de les aider à relativiser leur problème, cela accentuait leur stress. Les patients se plaignaient de souvenirs encore plus vifs et poignants qui venaient les hanter.

Aujourd'hui, on leur demande de ne plus parler de ces évènements, de ne plus y penser et de plutôt occuper leur esprit en s'activant. On privilégie maintenant la tenue d’un journal où ils doivent parler de leur quotidien et mettre l'accent sur leurs émotions au jour le jour. Bref d'oublier et de se refaire une vie.

La mémoire des idées lues est liée à notre mémoire biographique. Les idées ont une histoire.

Du point de vue des idées, notre cerveau est le seul contenant dans lequel: plus on en met, plus on peut en mettre.

L’apprentissage dépend de nos connaissances antérieures. Plus on a de connaissances dans un domaine, plus il est facile d'apprendre dans ce domaine, car on dispose alors de plus de crochets sur lesquels on peut accrocher de nouvelles informations.

«Notre mémoire est fondamentalement associative : on retient mieux lorsqu'on peut relier la nouvelle information à des connaissances déjà acquises et solidement ancrées dans notre mémoire. Et ce lien sera d'autant plus efficace qu'il a une signification pour nous.»*

Tout cela explique pourquoi on atteint le sommet de nos compétences dans la cinquantaine.

*http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_07/i_07_p/i_07_p_tra/i_07_p_tra.html#2

On se souvient de ce qui nous sert ou de ce qui nous frappe

Ce qui nous frappe
La mémoire biographique et les émotions sont intimement liées. Leurs centres d’activités sont mêmes voisins dans notre cerveau. Les réactions que les émotions suscitent vont créer en nous un souvenir très fort.

Selon Paul Ekman, il y a six émotions de base. Les évènements qui vous font peur ou vous font plaisir, qui suscitent votre colère ou votre tristesse, comme ceux qui vous surprennent ou vous font honte sont beaucoup plus susceptibles d’être retenus que ceux qui vous laissent indifférents.

Donc, si une idée vous apparaît lumineuse, qu’elle vous emballe ou qu’elle règle un problème qui vous préoccupe: il y a plus de chance que vous allez vous en souvenir ou que vous soyez motivé à la mémoriser.


Ce qui nous sert
Être motivé à mémoriser quelque chose, c’est avoir un projet mémoire. Et c’est alors qu’on mobilise nos ressources pour ancrer l’information. Souvent, on va se dire : «il faut que je raconte ça à _____ (ici, mettez le nom d’une personne proche) !» Et dans notre tête, on se prépare à raconter notre histoire en la répétant. En d’autres mots, vous vous apprêtez à vous servir de cette information en vous projetant mentalement dans le futur en train de vous en servir.

Comment mémorise-t-on les blagues ?

En les répétant immédiatement après les avoir entendues. Faites une liste de blagues et racontez-les souvent : vous aurez alors une bonne mémoire des blagues. Encore faut-il avoir la motivation d’entreprendre un tel projet mémoire.

Comment retenir les idées d’un texte lu
(ou comment étudier) ?

1- Réciter

Le sens premier du mot «réciter» est: dire à haute voix ce qu'on vient d'apprendre par coeur. En méthodologie du travail intellectuel, il signifie se répéter à soi-même ou à un tuteur (ou un collègue) ce qu'on vient d'étudier. Il n'implique pas nécessairement le mot à mot, cela peut être un sens général.

La meilleure façon de retenir les idées dont vous venez de prendre connaissance par la lecture, c’est d’en parler. Si vous avez la chance d’avoir un conjoint, un parent, un ami, un collègue qui partage votre intérêt pour la lecture, parlez avec lui de ce que vous venez de lire. Et si vous ne prévoyez pas rencontrer cette personne avant plusieurs heures ou quelques jours, préparez-vous. Imaginez que vous êtes avec cette personne et pensez à ce que vous allez lui dire!

Si vous deviez lui expliquer ce que vous venez d’apprendre en une seule phrase, quelle serait cette phrase ? Cette dernière consigne est un excellent exercice pour développer son esprit de synthèse. Je l’ai fait systématiquement pendant des années. Après la lecture d'un article de journal qui m'avait plu et même après avoir visionné un film, je m’arrêtais, je forgeais ma phrase, puis je cherchais trois ou quatre éléments permettant de détailler l’idée.

«L'éthique des affaires n’existe pas»
Cela doit faire plus de 15 ans, j'étais dans une librairie. Un livre a attiré mon attention. Le titre était provocateur: «L'éthique des affaires n'existe pas...» Je suis dans les affaires et j'ai envisagé un temps une recherche de doctorat sur l'éthique. J'étais donc curieux d’en savoir plus. Mon objectif de lecture: Le titre: comment l'auteur explique-t-il son titre ? C'était un petit livre et son seul survol m'a permis de comprendre la thèse de l'auteur. Voici ma phrase synthèse :

«L'éthique des affaires n'existe pas, comme il n'y a pas d'éthique propre à une profession, parce qu'il n'y a que l'éthique, qui se résume à la règle d'or: traite tes clients comme tu aimerais être traité.»

Je me souviens également qu'après avoir replacé le livre dans son présentoir, je n'ai pas pris d'autres livres. Je suis sorti de la librairie et j'ai marché en pensant à ce que j'allais dire de ce livre à la première personne à qui j'aurais l'opportunité d'en parler.

Si je me souviens encore de cette synthèse après tout ce temps, c'est qu'à l'époque je racontais cette histoire aux participants de mon séminaire.

Préparez-vous à enseigner!

Avez-vous déjà entendu un professeur dire : j’ai maîtrisé cette matière, le jour où j’ai eu à l’enseigner ?

J’ai posé cette question à 23 professeurs du collégial : j’ai vu devant moi 23 têtes hochées positivement.

Quelle est la meilleure façon d’étudier pour se préparer à un examen ?

C’est d’étudier avec un collègue.

Interrogez-vous mutuellement sur des points de détails. À chacun votre tour, vous expliquez à votre manière ce que vous avez compris, ce qui vous apparaît important ou ce qui, vous pensez, peut faire l’objet d’une question surprise.

J’ai de nombreux témoignages d’étudiants qui ont eu du succès dans leurs études grâce à cette approche.

La validité de «réciter» est appuyée par de nombreuses études.

RÉCITER avec un collègue fonctionne:

1- parce que cela vous met dans une situation similaire à celle que vous allez vivre à l'examen: soit de répondre rapidement à des questions, parfois imprévues, en vos propres mots;

2- cela vous aide à identifier les lacunes, les faiblesses dans vos connaissances afin de les corriger;

3- cela vous oblige à répéter et à réviser;

4- vous vivez un évènement biographique en interaction avec une personne réelle avec qui vous vivrez des émotions qui resteront attachées à votre apprentissage pour toujours.


2- Tester sa mémoire (réciter seul)

Si vous êtes seul, vous pouvez obtenir d’excellents résultats en vous testant vous-même.

Après avoir lu un texte. Vous prenez une feuille de papier et vous notez tout ce que vous avez retenu. Puis vous retournez au livre, pour compléter. Vous répéter à plusieurs reprises, jusqu'à ce que vous puissiez restituer le plus d'éléments possible sans avoir à vous référer au texte. Le dire à haute voix est préférable, parce que cela vous oblige à plus d'attention, mais n'est pas nécessaire.

Si vous voulez en savoir plus sur la valeur scientifique de cette approche, je vous suggère de regarder les trois vidéos de Mathieu Gagnon, professeur en psychopédagogie de l’Université de Sherbrooke, qui détaillent la méthode et les recherches qui l’appuient.

En résumé, voici ce que M. Gagnon explique : Si vous avez une heure pour étudier un texte qui prend 20 minutes à lire. Plutôt que de le relire deux autres fois, il est mieux de le lire une seule fois et de consacrer les 40 minutes qui suivent à restituer le contenu sur papier. Si vous avez un blanc, vous trichez et cherchez la réponse. Vous répétez en essayant de tricher moins à chaque reprise.

Il appelle cela de la «récupération»:

«La stratégie de récupération fait référence à différentes manières d’étudier pour lesquelles l’apprenant doit utiliser sa mémoire afin de régénérer l’information apprise.» Mathieu Gagnon


Réciter seul ou avec une autre personne ?

Si vous en avez la possibilité, il est mieux de parler à une personne, d’expliquer de vive voix ce que vous avez compris de votre lecture. Parce que : une idée n’est pas complète tant qu’elle n’est pas exprimée. Et l’expression par la parole à une personne réelle a pour effet de créer en vous une série de connexions neuronales plus solides et plus durables que celles produites par la simple écriture.

On se souvient de ce qui nous sert et de ce qui nous frappe. Si vous en parlez, l’information sert. Et nos liens avec les personnes réelles de notre entourage, même avec un inconnu, ont toujours une touche émotive qui renforce la mémoire.

Par contre, s'il s'avère que la personne avec laquelle vous devez étudier a plus d'affinité pour le bavardage, il vaut mieux, bien sûr, étudier seul.

Vous comprendrez que je parle ici davantage des textes informatifs que l’on a besoin de mémoriser pour ses études ou son travail. On peut vouloir retenir le contenu d’un roman, mais c’est rarement un enjeu, à moins que ce soit pour un examen littéraire. De toute façon, si c’est le cas, ce sont les mêmes principes qui s’appliquent et c’est même encore plus facile à mémoriser.

Pourquoi, d’après vous, les romans sont-ils plus faciles à mémoriser ? Eh oui ! Parce que ce sont des histoires qui sollicitent nos émotions.

ANECDOTE:
Étudier avec une odeur de chocolat

J'ai connu une dame qui a participé au jeu-questionnaire télévisé «Tous pour un». Il s'agissait pour le participant, il y en avait toujours un seul, de répondre à des questions extrêmement pointues sur un sujet bien précis. S'il ne savait pas la réponse à une question, il pouvait faire appel au public, d'où le titre, «Tous pour un». La série se poursuivait sur trois semaines et les bonis augmentaient en conséquence. La série à laquelle la dame en question a participé portait sur le chansonnier québécois, Félix Leclerc.

Elle m'a raconté qu'elle étudiait dans une odeur de chocolat. Elle ne mangeait pas le chocolat, elle le humait. Sur le plateau de l'émission, elle avait dans le creux de la paume de sa main un soupçon de chocolat, l'équivalent d'une tache. À chaque série de questions, il y en avait toujours plusieurs d’énoncées à la fois, elle réfléchissait à ses réponses en appuyant son visage entre ses mains, histoire de lui permettre de humer l'odeur de chocolat et de se remettre dans l'atmosphère de ses études. Elle n’a pas eu à faire un seul appel à tous et, dans l'histoire de cette émission, elle a été la seule à avoir épuisé la banque de petites questions rapides que l'animateur conservait pour la fin lorsqu’il restait du temps.

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Vous venez d'apprendre comment mieux étudier, pour apprendre à lire tous les mots plus rapidement, c'est ici.

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